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Mettre fin au cercle vicieux entre faim & conflit en République centrafricaine étude de cas d’Action Contre la Faim, juin 2018

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

La République centrafricaine est plongée depuis plusieurs décennies dans une crise prolongée, mêlant pics réguliers de violence et détérioration critique des services sociaux de base et des structures économiques. La faim alimente le conflit, le conflit alimente la faim, tel est le cercle vicieux résultant de cette déstructuration du pays et du délitement de ses liens sociaux. L’exemple du délabrement agricole comme l’un des vecteurs de l’insécurité alimentaire, mais aussi des problèmes sécuritaires, est particulièrement parlant en République centrafricaine.

Près d’un Centrafricain sur deux est touché par l’insécurité alimentaire. Le délabrement de l’agriculture, qui a conduit à l’abandon des cultures de rente et à la marginalisation des petites exploitations, et auquel s’ajoutent les effets des cycles de violence, est arrivé à un point critique, provoquant l’entraînement des paysanneries dans le conflit.

Le contrôle effectif de l’Etat se limitant essentiellement à Bangui, 80% du territoire est aujourd’hui contrôlé par différents groupes armés. Ces derniers rackettent les populations et détournent les productions agricoles. L’agriculture ne bénéficie d’aucun appui par les services publics, et le pays n’a pas les moyens de sortir d’une économie de survie, poussant les populations à adopter des stratégies d’adaptation négatives qui participent à leur insécurité alimentaire.

Les modalités actuelles d’intervention de l’action humanitaire en République centrafricaine ne parviennent pas à traiter les fondements structurels de la crise. La communauté internationale traite en urgence la mortalité élevée des groupes vulnérables par manque d’accès à l’alimentation et aux soins. L’espace humanitaire, restreint par la violence et les attaques des groupes armés, ne permet pas au système international de l’aide de répondre de manière satisfaisante à cette crise multidimensionnelle, d’autant plus que le Plan de Réponse Humanitaire est largement sous-financé. Il est donc indispensable de s’assurer que la réponse de la communauté internationale traite de façon simultanée les problématiques d’insécurité alimentaire, de décapitalisation et d’attraction vers une économie de guerre afin de briser le cycle faim et conflits.

Le lien entre assistance humanitaire, relèvement et aide au développement est primordial dans un contexte comme celui de la Centrafrique. Au-delà de la survie, il est impératif pour les ménages de pouvoir se recapitaliser, d’entreprendre une activité afin de sécuriser leur environnement socio-économique et d’engager une démarche résiliente.